Le Pont des Soupirs

Le Pont des Soupirs

Je suis né doucement, sans trop savoir pourquoi,
Et puis j'ai respiré en n'étonnant que moi.
J'ai reçu une claque sur mon petit derrière,
D'une main de maniaque en crise avec ses nerfs.

La fessée est un culte qui frise la folie,
Une violente insulte, brutal' comme la vie,
Qui m'invite au festin dans les bras de ma mère,
Pour goûter au bon sein de ma jolie bergère.

Et puis j'ai eu dix ans à devoir des leçons,
Nous étions insouciants, abonnés punitions.
Plus loin sur mon chemin, j'ai rencontré l'amour,
J'ai demandé sa main pour me porter secours.

Notre premier enfant était une promesse
Qu'avait fait sa maman un soir plein de tendresse.
Et puis il a grandi avec mes cheveux blancs,
Parfois même on en rit comme des garnements.

Nos parcours ont croisé quelques verres de larmes,
Sans pouvoir expliquer les maux qui nous désarment.
Et nos vies ont nagé dans les mêmes courants,
Entre la Liberté et tous ses contretemps.

J'ai vieilli brusquement en croisant un miroir
Qui avait pris le temps d'écouter ma mémoire.
J'appelle mes souvenirs, blottis entre mes joies,
Mais c'est mon avenir qui glisse entre mes doigts.